Bien que nous ayons pris la décision de rentrer en Suisse, il nous reste du temps pour profiter encore du Vietnam et du voyage. Commence alors un gros mois et demi de repos, de bon temps, et d’ennui aussi un peu à Danang. Nous avons tellement vécu la chaleur ces derniers mois que nous sommes heureux de pouvoir rester au frais pendant les heures chaudes, de 10h à 16h environ. Mais cela implique qu’il faut avoir quelque chose à faire dedans pendant ces heures, ce qui n’est pas toujours le cas… les Vietnamiens n’ont aucun problème à se réveiller à 4h ou 5h du matin pour aller courir sur la plage, boire des cafés avec leurs amis, etc. Mais de notre côté, les réveils matinaux sont plus difficiles, et quand nous sommes enfin prêts à sortir, le soleil tape si fort que nous préférons attendre les 16h.
Le 13 Mai pourtant, nous allons vivre le soleil pour de bon, surtout Mehdi. C’est le jour de l’Iron Man 70.3. Jana et Sara sont venues nous rejoindre pour le week-end pour soutenir le champion. 6h20, départ pour la nage. La mer est agitée et il y a des grosses vagues. Mehdi est tout de même content car il nage les 1,9km en 46mn. Son femmes club est là pour l’acclamer à la sortie de l’eau.
Puis c’est parti pour le vélo, le soleil tape déjà mais il ne fait pas encore trop chaud. Nous le suivons sur les scooters à divers endroits. À la fin des 90km de vélo, le soleil est déjà haut dans le ciel et la chaleur écrasante. Mais il reste l’épreuve qui demande le plus d’énergie, les 21,1km de course.
Nous voyons les coureurs qui marchent, accablés et assommés par le soleil; il n’y a plus d’ombre pour se protéger et ils arrivent épuisés aux stands de ravitaillement pour se faire asperger d’eau fraîche. Nous peinons à retrouver notre athlète et lorsque finalement nous le voyons, il es en piteux état, mais à seulement quelque km de la fin. Malgré un linge et un chapeau sur la tête, il a l’impression que le soleil s’infiltre sous ses habits pour faire bouillir son sang. »Allez, allez! » crie son femmes club sur leurs scooters, « c’est presque fini tu vas y arriver »!!
Nous allons l’attendre à la ligne d’arrivée et sommes soulagées lorsqu’enfin il franchit le dernier pas de cette épreuve! Repos ensuite bien mérité, et le soir bières belges sur la terrasse (les bières d’ici sont les pires que nous ayons jamais goûtées).
Mis à part cet évènement, nous menons donc une vie très tranquille et expérimentons la nonchalance du sud. Apprendre à être bien avec soi-même en ne faisant rien. Pas de rentabilité, pas de stress, juste être là sans attentes. Pas toujours facile et nous atteignons parfois nos limites et tournons en rond. Nous tissons des liens avec la famille Vietnamienne avec laquelle nous vivons, surtout avec la grand mère qui ne parle pas un mot d’anglais. Elle nous parle en vietnamien, et cela nous convient très bien, nous lui répondons en français. Le lien étant là, nous avons en tout cas l’impression de bien nous comprendre la plupart du temps! Elle est impressionnée comme Mehdi est attentionné auprès d’Alice: c’est vrai qu’au Vietnam un homme ne ferait pas la vaisselle ou la cuisine, ce que Mehdi ne rechigne pas à faire.
Mehdi donne ses entraînements de basket deux à trois fois par semaine. Pas toujours facile de se faire comprendre et écouter par un groupe d’enfants parfois très nombreux, mais il est heureux de constater que ce sport se développe ici et que, malgré plusieurs incohérences dans les apprentissages, tous le monde est content et motivé, c’est l’essentiel!
Plus nous conduisons au Vietnam, plus nous réalisons avec tristesse que les Vietnamiens conduisent vraiment n’importe comment et provoquent des accidents grave par total manque de conscience des autres sur la route. Nous voyons une dizaine d’accidents environ dont un grave. Cela ne nous rassure pas et nous pose questions. Quand un scooter s’engage sur la route, le conducteur ne regarde pas si la voie est libre; c’est donc à ceux qui sont derrière de klaxonner, de ralentir ou de l’éviter. Cela fonctionne la plupart du temps, mais lorsqu’il y a des grands croisements, ou que la circulation est très dense, un accident est vite arrivé et le scooter par terre. La grande qualité qu’ils ont tout de même dans leur conduite est qu’ils restent tout le temps calme. Ce n’est pas comme chez nous où les gens s’insultent dans leur voiture et sont tendus au moindre écart à la règle. Ici, comme il n’y a pas de règles, tout est respecté et on ne s’énerve pas, on conduit doucement et on prend sur soi. Nous nous promettons de garder le plus longtemps possible cette attitude une fois de retour en Europe, tout en appliquant les règles de circulation qui font de plus en plus sens pour nous du coup.
Nous allons visiter le jardin d’enfants Steiner à Danang. Alice ayant fait toute sa scolarité dans une école Steiner, c’est toujours intéressant de pouvoir rencontrer des gens dans diverses cultures qui suivent également cette pédagogie. D’autant plus que l’on est souvent accueillis chaleureusement, on se sent un peu comme à la maison. Cela ne manque pas cette fois non plus, et nous sommes très impressionnés, en connaissant maintenant un peu mieux la culture Vietnamienne, de la manière dont ces femmes ont pu implanter un jardin d’enfant si beau et soigné, offrant un cadre sécurisant et rythmé à 70 enfants, ici à Danang. Lorsqu’ils ont commencé il y a deux ans, il n’y a avait apparemment que 6 enfants. Aujourd’hui, il y a 100 enfants sur liste d’attente; preuve que les Vietnamiens se rendent compte que le système scolaire qui est proposé à leurs enfants ne leur permet pas de s’épanouir et d’avoir un sentiment de réussite. Les examens de fin de scolarité sont apparemment si durs et il y a une telle pression sur les jeunes que plusieurs d’entre eux ont commis des suicides collectifs à cause de ces examens.
Nous nous familiarisons petit à petit avec notre ville d’adoption pour cette partie sédentaire du voyage. Nous apprécions particulièrement le pont du dragon, un des 4 ponts principaux qui traverse la très large rivière Hàn.
Dès que le soleil nous le permet, nous allons nous balader sur la plage où nous retrouvons les Vietnamiens et leurs enfants qui jouent dans le sable et se baignent. Alice s’est mis en tête d’apprendre à nager le crawl pour faire l’année prochaine un iron man 70.3 en relai. Pas si simple dans la mer avec les vagues et l’eau qui lui rentre dans le nez dès qu’elle reprend sa respiration, mais tellement agréable de pouvoir faire un peu de sport sans dégouliner de transpiration!
Nous faisons des petites choses par-ci par-là. Nous allons en scooter à Hué, ce qui est une sacré expédition puisqu’il faut passer par le col des nuages, une magnifique montagne entre Danang et Hué, et que nous mettons 3 heures pour arriver à destination, les oreilles bourdonnantes et les fesses paralysées, mais la vue en vaut la peine!
À Hué, nous en profitons pour retrouver Jana et Sara, et aller nous baigner dans la piscine de l’école française où Ho-Chi-Minh a étudié étant jeune. Le lendemain, sur le retour et le conseil de nos amies, nous faisons halte dans un parc naturel et profitons de sortes de « bassines » aménagés par les Vietnamiens dans l’eau fraîche de la rivière. Quel délice d’avoir froid!
Nous sommes cordialement invités par notre famille hôte à les joindre pour la fête de mort du grand-père. Une tradition ici consiste à se retrouver en famille le jour de la mort d’un membre de sa famille, de partager un bon repas, de faire des offrandes, et de trinquer ensemble! Toute la maison s’affaire donc à la préparation de 1001 plats traditionnels. Toute la famille est invitée ainsi que les voisins proches; ce sont surtout des hommes qui viennent et les canettes de bières descendent vite! L’ambiance est très conviviale et joyeuse et le repas se finit tard dans l’après-midi. Nous sommes contents de pouvoir poser des questions et communiquer avec Hien, notre propriétaire de passage à Danang ces jours, qui parle anglais.
Nous allons voir un spectacle de marionnettes sur l’eau. Les marionnettes sont connues dans les traditions de beaucoup de pays dans le monde, mais le fait de les faire évoluer dans l’eau est propre au Vietnam. Nous étions un peu méfiants car le spectacle était à Hoi An et nous craignons donc de tomber sur un attrape touriste. Mais pas du tout; nous avons beaucoup aimé la poésie simple, l’esthétique habituel dont les Vietnamiens ont le secret et la légèreté du spectacle!
Découvertes, surprises, anecdotes…:
- La « rue » au Vietnam et en Asie du Sud Est est un concept bien différent de la rue chez nous. Dans la rue ici, on peut manger, dormir, et même faire ses besoins! C’est ainsi que nous voyons souvent des parents envoyer leurs enfants faire pipi devant chez eux, dans la rue, alors qu’ils ont des toilettes dans leur maison. La plupart du temps, les gens restent devant chez eux, s’affairent à préparer les poissons séchés et autres mets, ou se retrouvent ensemble pour manger sur leur table et leurs mini chaises en plastique. La rue, une deuxième maison donc ici.
- Le soir, nous entendions souvent une sorte de petite chanson répétitive lancé par un haut-parleur sur un scooter. Nous nous demandions ce que cela pouvait bien être jusqu’à ce que nous voyions le scooter en question: aménagé à l’arrière, une grande marmite posé sur un fourneau à bois (oui oui un feu de bois sur un scooter!); dans la marmite, des petits pains blancs cuits à la vapeur et fourrés. Ces personnages sillonnent les villes avec leur haut-parleur pour vendre leurs petits pains aux passants. Nous avons rarement vu des gens en acheter mais nous aimions bien entendre dorénavant cette mélodie passer le soir dans notre rue.
- Nous avons été surpris en arrivant en Vietnam de constater que dormir chez l’habitant est très compliqué. Pour des raisons qui nous échappent encore mais qui touchent apparemment au communisme et à la corruption, il est interdit d’héberger quelqu’un sans en informer la police locale. Ainsi, lorsque l’on invite quelqu’un chez soi, il faut lui demander son passeport et aller l’apporter à la police. Si on ne le fait pas, on peut avoir des problèmes si tout à coup la police décide de débarquer en pleine nuit pour vérifier qui dort dans telle ou telle maison. C’est ce qui est arrivé à notre propriétaire Hien qui s’est fait confisquer son passeport lorsqu’il dormait un jour chez un ami.
- La grand-mère de la maison où nous habitons a eu 7 enfants. Un nombre très commun apparemment pour les Vietnamiens avant les années 90. Le gouvernement a ensuite mis en place une restriction à 2 enfants par famille. Si les gens en avaient plus, ils se voyaient refuser certains avantages ou promotions dans le travail. Certaines familles ont donc cachés leurs enfants. Aujourd’hui, cette restriction n’est apparemment plus vraiment d’actualité mais les familles ne font de toute façon plus autant d’enfants qu’avant.
- Ce dont nous avons bien profité au Vietnam mais même dans les autres pays d’Asie du Sud Est, ce sont les jus de fruits frais préparés et servis dans la rue. Le jus le moins cher, le plus commun et quand même très chouette est celui de sucre de canne. Il faut d’abord enlever l’écorce de la canne à l ‘aide d’un rabot, couper ensuite la canne qui est ensuite passée dans un pressoir plusieurs fois, accompagné d’une lime. Désaltérant et magnifique lors d’une grosse chaleur, ne pas oublier tout de même de demander « không muối » (sans sel) si l’on ne veut pas se retrouver avec un jus sucré-salé, un concept que les Vietnamiens apprécient bien mais qui n’est pas à notre goût!
- La gestion des déchets ici reste un grand mystère et à la fois une fascination: tout est jeté dans la rue, parfois dans des sacs, parfois tel quel. En revanche, tout est ramassé et même plus ou moins trié. Il y a une grande quantité de chiffonniers qui ramassent les poubelles, récupèrent les bouteilles, le carton, l’aluminium… ils se baladent sur leur vélo blindé de déchets, ou avec une grosse benne. Ils sont très peu équipés et travaillent de nuit comme de jour. La gestion des déchets se fait donc et les villes sont propres, mais le problème que nous voyons est que cet acte de jeter nonchalamment les choses dans la rue (les poubelles publiques n’existent quasi pas) continue dans la nature: les gens jettent dans la mer, la montagne, de la même manière qu’ils jetteraient dans la rue. Il semble qu’ils n’aient aucune conscience de leur acte et de ces conséquences.
trop bien votre récit, encore une fois super!!!!! Bonjour Mehdi / Alice.
Merci pour toutes ces nouvelles / ces paysages ect. ect..
Je continue de vivre ce voyage à travers vous.. Super cool… Vous avez super bonnes mines . Grosses chaleurs là bas… Ici, ça va, ces jours il fait grand soleil mais la bise est très présente.Elle chasse les nuages, du coup, nous avons un ciel super bleu…
J ai vraiment l’impression que vous vous etez super bien adaptés où que vous alliez Trop bien et quelle expérience pour la vie…
On est en plein dans le mondial FOOT.. Sympa et bonne ambiance de partout dans la rue/ les cafés ….
Voilà, je vous laisse et vous souhaite le meilleur pour ces derniers temps .Profitez un max… Jusqu à quand cette belle aventure ?
bis. Marie- José
Hello Marie-José!
Merci pour tous ces petits messages, ça fait plaisir d’avoir des nouvelles de la Suisse et de se sentir suivi!
Nous partons tout bientôt pour un mois au Japon, et retour en Suisse début août! Nous serons donc disponibles avec plaisir pour se voir!
Pourrais-tu nous envoyer en message privé sur le blog (dans l’onglet contact) ton adresse postale?
Des bisous,
Alice & Mehdi