Voici un article écrit il y a bientôt deux mois mais que nous prenons le temps de publier seulement aujourd’hui!
Ce nom de Shinkansen nous faisait un peu rêver. Nous savions que le Japon était réputé pour ses trains et leur rapidité, mais nous ne savions pas encore que nous allions les adorer. Il faut imaginer un train aussi rapide qu’un TGV, mais dans lequel en plus de cela on se sent comme à la maison! Des sièges qui pivotent pour pouvoir faire face à ses compagnons, qui s’inclinent et prennent une forme ergonomique pour dormir, de larges tablettes sur le devant, de l’espace pour les jambes, des toilettes plus propres que toutes les toilettes propres des trains d’Europe réunies, un lavabo à côté privatif avec un joli rideau… bref, on pourrait en écrire encore des lignes pour tirer l’éloge des Shinkansen! C’est donc en deux grosses heures que nous rejoignons Emilie ce jour-là, qui vient d’atterrir à Tokyo. En ayant voyagé 6 mois en Asie du Sud-Est et expérimenté des trains qui font du 50 km/h en moyenne, nous sommes plus que sous le charme du Shinkansen, le train le plus rapide du Japon !
Quasiment une année après notre départ, nous avons donc à nouveau la chance d’avoir une amie qui nous rejoint pour faire un bout de route avec nous! Ce sera le dernier avant un moment d’ailleurs. Nous prenons donc le temps de nous retrouver et faisons tranquille car Emilie a fait un long voyage et le décalage horaire avec la Suisse est conséquent.
Mehdi nous propose deux activités pour cette immense ville qui n’inspire pas curiosité à Alice. Nous allons donc visiter le fameux carrefour de Shibuya, ce passage piéton immense où tout le carrefour se ferme à la circulation pour laisser passer la mer de piétons qui s’accumule à chaque minute. Cela est en effet impressionnant. En se baladant dans les alentours, nous découvrons aussi les pachinkos, ces sortes d’immenses magasins pleins de jeux d’argent, à la frontière entre le flipper et la machine à sous, où le bruit et l’odeur de la cigarette emplissent chaque visiteur à peine un pied posé à l’intérieur. Nous sommes abasourdis en sortant, 30 secondes plus tard. Le clivage entre la rue si calme, même dans cette immense ville, nous semble encore plus renforcer les bruits incessants des pachinkos.
Après cette expérience, nous allons visiter le musée d’Hokusai, cet artiste qui a peint tant de fois le mont Fuji sous différents angles et avec différents supports. Cela nous plonge dans la poésie et l’art japonais, d’autant plus que nous découvrons une autre exposition de l’artiste Hirioshi, qui a repris les tableaux d’Hokusai en les adaptant à son monde imaginaire dans lequel un gros chat semble vivre une vie paisible et heureuse. Nous sommes nourris par ces deux artistes et nous sentons prêts à découvrir le mont Fuji pour de vrai.
Nous prenons donc le train le lendemain et sommes fâchés d’apprendre que nous ne pouvons pas atteindre notre destination sans payer un supplément qui nous paraît assez conséquent. En effet, nous avons acheté des Japan Rail Pass avant de venir, ces pass que tous les touristes s’étaient empressés de nous conseiller et qui permettent de voyager dans tout le Japon en train. Cela avait été un investissement considérable et nous ne voyions donc pas pourquoi nous devrions rajouter encore de l’argent. Nous décidons donc de faire du stop, et trouvons un gentil monsieur qui nous amène jusque devant notre hôtel et avec qui nous parvenons à échanger un peu, malgré un anglais quasi inexistant.
Nous voici devant un beau lac, et au loin se dresse, imposant, solitaire, dominant, le mont Fuji. Quelle vue, quel volcan ! Cela nous arrive souvent, en observant la nature d’un pays, de se sentir plus proche de la culture du peuple qui y vit, de comprendre d’une autre manière, par d’autres canaux, ce qui a façonné la vision du monde de la population. C’est ce qui nous arrive devant le mont Fuji. Nous avons le loisir de l’observer le soir, la nuit et le matin au levée du soleil, et découvrons une infinité de teintes et de vues différentes à mesure que la nature change ses couleurs autour de lui. Pas étonnant que l’artiste Hokusai se soit tant passionné pour lui !
Un long voyage nous attend ensuite car nous décidons d’aller visiter l’Hokkaido, l’île qui se trouve le plus au nord du Japon. Nous avons soif de découvrir la nature au Japon, et le nord nous paraît donc une destination idéale. Encore une fois, nous sommes frustrés avec les trains car nous ne comprenons pas la logique japonaise pour transmettre les informations. Dans les gares, des dizaines de panneaux indicateurs se font concurrence mais nous peinons toujours à trouver l’information dont nous avons vraiment besoin. C’est ainsi que nous nous retrouvons sur le quai, à vouloir monter dans un train pour le nord, et de réaliser que toutes les places sont réservées, sans savoir où l’information avait été donnée que nous aurions dû réserver. Nous comprenons qu’il nous faut nous en remettre totalement au Japonais et aller chaque fois poser les questions car nous ne sommes pas compétents pour comprendre jusqu’au bout leur logique de fonctionnement. Nous réservons donc un train pour le lendemain et passons une nuit à Sendai en attendant, une ville qui ne nous inspire pas beaucoup de beauté.
C’est un jour spécial le 17 Juillet, puisque c’est l’anniversaire d’Emilie ! Petit déjeuner de fête (avec ce que nous trouvons car bien entendu le pain ici n’est pas un met qui court les rues) et le soir, quand enfin nous sommes dans la ville d’Hakodate, sur l’île d’Hokkaido, repas avec crêpes, bières, et saké !
Nous visitons les parcs et les lacs dans la région d’Hakodate et sommes surpris de ne pas être très dépaysés. La végétation est plus dense et différente de nos forêts en Europe, mais les paysages sont finalement assez similaires avec les nôtres. Nous allons au Onsen car la région est réputée pour ses sources chaudes. Il nous faudra environ 15 minutes pour réussir à pénétrer dans l’eau brûlante, qui se situe autour des 43°C (non mesdames ce n’est pas dangereux pour les femmes enceintes, nous avons eu l’idée de nous renseigner avant de passer à l’acte tout de même). Nous sommes réellement sous le charme de ce concept de bain chaud et commun, dans lequel on rentre totalement propre.
Après trois jours à Hakodate, il est l’heure de reprendre nos trains préférés pour redescendre au Sud, direction Kanazawa, une petite ville au bord de la mer du Japon. Nous aimons cet endroit paisible, ces vieilles maisons japonaises, cet esthétique si spécial, épuré et si parfait qui se retrouve dans l’architecture, l’art, la cuisine et même la manière de s’habiller des Japonais. Nous visitons un magnifique parc et un château sous un soleil de plomb.
Nous allons ensuite découvrir la petite ville de Takayama, et surtout retrouver Sylvain, un ami de Mehdi avec qui il a joué au basket plus jeune. Sylvain a vécu deux ans au Japon et s’est marié avec une Japonaise, il est donc très intéressant de pouvoir échanger avec lui sur sa vision du Japon, de leurs us et coutumes, et de leur histoire. Il nous fait visiter cette jolie petite ville pittoresque et nous invite le soir au restaurant pour déguster les bons mets traditionnels de la région, dont le bœuf de Hida, massé et nourri à la bière durant toute sa vie, aussi réputé que le bœuf de Kobe.
La dernière ville que nous allons découvrir est Kyoto, la ville aux 2000 temples. Nous allons de nuit visiter le sanctuaire de Fushimi, un des emblèmes de la ville. L’ambiance qui s’en dégage, le calme, le peu de touristes à cette heure nous enchantent et nous laissent rêveurs. Dans le shintoïsme, il y a une infinité de divinité. Le sanctuaire de Fushimi est dédié à la déesse Inari, gardienne des céréales et surtout du riz. Nous flânons dans les rues de la ville et passons du temps dans les magasins de vaisselle japonaise, à admirer (et acheter aussi un peu !) ces tasses et assiettes toutes plus belles les unes que les autres.
Il est déjà l’heure pour Emilie de prendre son dernier Shinkansen pour rejoindre Tokyo et rentrer en Suisse, et pour nous d’aller passer quelques jours à Osaka, d’où nous allons décoller. Nous arrivons dans le quartier de notre hôtel et sommes surpris de découvrir une toute autre réalité que celle que nous avons vu jusqu’ici au Japon : un quartier pauvre et misérable. Les personnes sans-abris dorment les uns à côté des autres sur leur carton, tandis que dans les magasins nous voyons des gens tituber, se déplacer tels des somnambules. Les rues puent l’urine et la crasse et les nombreux pachinkos du quartier dispensent leurs bruits et odeurs même avec leurs portes closes. La population semble avoir beaucoup de difficulté ici et cela nous laisse songeur quant à la pérennité du système japonais, qui pousse pourtant sa population à travailler sans relâches et à donner le meilleur de soi toute sa vie.
Puis c’est l’heure du départ. Nous sommes à la fois excités de revenir après une année de voyage dans ces pays qui nous sont chers et retrouver les personnes que nous portons dans nos cœurs… et à la fois nous ressentons de l’appréhension de laisser derrière nous ce mode de vie que nous avions adopté et qui nous convenait : le voyage. Notre retour est donc comme une nouvelle aventure, et nous nous demandons bien vers quoi elle va nous amener !
Surprises, questionnements… :
- Lorsque nous arrivons au lac vers le Mont Fuji, nous demandons si nous pouvons aller nous baigner. Tout le monde nous dit que non, mais sans être clair sur la raison du pourquoi. « C’est interdit », « c’est trop profond », « c’est dangereux ». Nous n’insistons pas mais demandons lorsque nous croisons de nouvelles personnes ce qu’il en est de la baignade au Japon. Malgré tous les lacs et les mers qui les entourent, les Japonais se baignent peu, et le lien qu’ils entretiennent avec cet élément est plutôt teinté de peur, vu tous les typhons et tsunamis qu’ils ont connus. Il est donc peu commun de se baigner dans un lac, et les plages des mers ne sont ouvertes que peu de temps dans l’année, n’étant pas surveillées le reste du temps.
- En arrivant dans les villes, nous voyons beaucoup de signes interdisant la cigarette dans les rues. Nous nous en réjouissons car les rues sont du coup très propres, et l’on est jamais dérangé, sur les quais de la gare ou dans des endroits public un peu denses, par la fumée de cigarette. Mais nous réalisons par la suite que paradoxalement, la plupart des restaurants et bars autorisent la cigarette à l’intérieur. On peut donc se retrouver à manger une bonne soupe de miso parfumée par la très bonne odeur de cigarette du client juste à côté. Jusqu’au bout, nous ne comprendrons pas cette logique.
- Bien sûr, le Japon est une île et beaucoup de denrées importées sont chères. Mais quand il s’agit des fruits, les prix explosent. Ainsi, dans les cas extrêmes, il est possible d’acheter une mangue pour 80€! Apparemment, c’est un joli cadeau à faire lorsqu’on veut se faire pardonner quelque chose…
- Nous ne l’avions pas fait du voyage, et il aura fallu attendre le dernier pays pour pénétrer dans un … McDonald! Pas d’excuses, pas de commentaires… nous découvrons par contre dans le Nord une version locale et Japonaise de McDo: Lucky Pierrot. Nous conseillons!
- Les rues, mêmes dans les grandes villes, nous paraissent toujours calmes. Bien sûr nous arrivons d’Asie du Sud-Est où les klaxons et le bruit de la rue font partie de la réalité du jour et de la nuit, mais nous sommes tout de même surpris comme les lieux bondés, comme les métros, les rues, restent silencieux. Souvent, ce sont les touristes qui font le plus de bruit dans ces endroits.
- Les règles de politesse sont inviolables et il est intéressant d’observer les manières de se saluer entre les Japonais, selon si la personne en face est plus ou moins âgée. Nous ressentons souvent que nous ne réagissons pas comme la règle le voudrait et que cela est difficile à accepter pour les Japonais.
Une vidéo suivra bientôt, mais en attendant tu peux déjà regarder nos photos ici!
alors ce retour au pays des suisses !!!bon pied bon œil;
au plaisir de vous re-trouver en famille agrandie
Françoise
Chers Alice et Mehdi, j’espère que le retour se passe bien! Je viens de lire ce dernier chapitre, merci! Les photos sont magnifiques et le texte me fait voyager un moment avec vous! Bisous à vous deux et très bonne réinstallation en Suisse! Une autre aventure, magnifique aussi, commence…
Je pense à vous, chaleureusement, Marijke
quel plaisir de vous suivre dans tous ces pays ! un grand merci pour vos commentaires si intéressants et complets.
Tous mes vœux pour l’heureux événement et j’aurais grand plaisir de vous revoir ! Amitié, Dora
hello
Voilà , je pense que c est la dernière fois que je vs. lis de si loin !!!et oui le retour est proche ou même au moment où j’ écris ces lignes, déjà là en Suisse ????
MERCI POUR CETTE BELLE AVENTURE , J’ai voyagé, me suis régalée ect.ect. J’imagine pour vous, quels souvenirs et le plus beau , revenir à 3…BONHEUR…
Mehdi et Alice, je vous souhaite un immense bonheur et une vie pleine de joie..et j’espère vous voir une fois…
Bisous Marie- José