Vietnam, rester ou ne pas rester?

23 heures de train de Saigon à Hué. Drôle de penser que c’est plus long que le temps que Catherine aura mis de Saigon à Genève… Nous avons eu la bonne idée de prendre les couchettes les moins chères dans le compartiment à 6 places, c’est à dire qu’il nous faut faire des acrobaties pour y monter et éventuellement passer sur les couchettes des autres personnes; une fois là-haut, il faut rester coucher car il n’y a pas la place de s’asseoir. Nous sommes un peu déçus de réaliser que le wagon restaurant ne propose que quelques en-cas pas à notre goût, et se félicitons donc d’avoir fait le stock de sandwichs avant de partir! Heureusement, nous dormons tout de même assez bien et le temps passe donc rapidement.

Hué, ville du centre Vietnam se trouvant proche du 17ème parallèle, frontière entre le Vietnam Sud et le Vietnam Nord pendant la guerre avec les Américains. Autant dire que la ville a donc souffert et la plupart des monuments anciens, très nombreux car Hué était anciennement la cité impériale, ont été détruits. L’ambiance est pourtant très différente des villes que nous avons pu voir au Vietnam jusqu’alors et nous apprécions ces vieux bâtiments en petite briques de pierre entourés de cours d’eau. Nous avons trouvé une maison typique Vietnamienne tout proche de la vieille ville pour nous accueillir les 3 prochaines semaines et accueillir aussi les parents d’Alice qui vont venir nous rendre visite. Qu’il est agréable de retrouver une cuisine et de pouvoir manger tranquillement ce que nous voulons quand nous voulons! Car en voyage, aller au restaurant devient parfois une pesante obligation plutôt qu’une envie plaisante; nous nous affairons donc avec joie à la confection de nos repas!

Nous retrouvons notre amie Jana qui est partie en voyage en même temps que nous, mais dans une direction opposée puisqu’elle a pris le trans-Sibérien. Elle fait maintenant du volontariat dans le Camphill des Bambous Paisibles, que nous allons visiter lors de la fête qu’ils organisent pour les 20 ans de l’association, et les 9 ans du lieu. Pour en savoir plus sur ce lieu, voici un article que Jana a écrit sur son blog (en anglais).

Nous retrouvons également d’autres visages connus de la Suisse, dont Sara qui est aussi aux Bambous Paisibles pour 6 mois. Jana et elle nous font découvrir un excellent restaurant végétarien où se marie l’esthétique et le savoir faire vietnamien; enfin un restaurant où la carte n’est pas composée à 95% de plats à la viande!

Dès que nous arrivons, nous gardons les yeux bien ouverts à la recherche d’indices pour nous indiquer comment nous installer ici. Nous vadrouillons dans les rues de la vielle ville de Hué à  la recherche de panneaux indiquant « à louer ». Malheureusement, les seuls panneaux que nous voyons disent « étiquettes de lait », ou bien « prêt avec taux avantageux », etc… et il est difficile pour nous de traduire ces panneaux car en vietnamien il y a des dizaines d’accents sur les lettres qui permettent de savoir dans quel tonalité dire le mot: le même mot peut ainsi avoir 6 significations différentes selon comment on le prononce. Quand nous faisons la traduction sur notre dictionnaire, il suffit que nous écrivions mal un accent et c’est tout le sens de la phrase qui est changé! Nous abandonnons donc la recherche d’appartement dans les rues et nous contentons de demander aux gens, dans les restaurants ou autre, mais rien.

Mehdi se lance à la recherche d’un club de basket. Si nous sommes posés au Vietnam pour une année, il pourra coacher une équipe et peut-être gagner un peu d’argent. Il se rend à un gymnase repéré sur la carte et rencontre des gens qui s’entraînent au badminton (les Vietnamiens sont très forts à ce sport, vifs, rapides et ils y jouent beaucoup!). On lui indique l’heure à laquelle revenir le lendemain pour l’entraînement de basket. Nous reviendrons en tout 4 fois à cet endroit (cela est considérable quand on vient à vélo sous 35°C et 53% d’humidité) mais ne verrons jamais un ballon de basket. Il semble que les gens préféraient nous indiquer un horaire et un jour plutôt que de nous avouer qu’ils ne savaient pas quand avaient lieu les entraînements.

Alice de son côté recherche des hôpitaux. En effet, les sages-femmes pratiquant l’accouchement à domicile n’existe pas au Vietnam, il nous faut donc trouver un hôpital qui puisse comprendre nos besoins et demandes pour l’accouchement; et avec qui nous puissions communiquer en anglais, car nous avons de la peine à apprendre le vietnamien. En effet, il est difficile de prononcer les différentes tonalités quand on ne les a jamais entendues, et les Vietnamiens ne comprennent donc pas ce que nous voulons dire quand nous parlons, car nous ne disons pas le mot avec la bonne intonation.

Nous devons nous rendre à l’évidence au bout de quelques jours, ce n’est pas à Hué que nous pourrons nous poser. Nous reprenons donc le train pour aller à Danang, à 100km au Sud (2h45 de train tout de même). C’est la 3ème plus grande ville du Vietnam mais rien à voir avec Saigon, et en plus, elle est au bord d’une belle longue plage de sable de 22km. Là, nous visitons une 10aines d’appartements et trouvons une jolie chambre dans une maison Vietnamienne, avec une cuisine commune à partager avec le couple de grands-parents et le couple d’adulte. Cela nous plaît car c’est une maison avec des portes! Cela paraît bête mais ici au Vietnam, beaucoup de maisons ont seulement des grilles mais ne sont pas fermés par des fenêtres ou des portes. Le bruit de la rue est donc toujours là et les Vietnamiens vivent de toute façon la moitié du temps dans la rue, devant chez eux. Mais nous savons que nous aurons besoin de notre intimité, et pouvoir fermer la porte et se retrouver chez soi est donc le bienvenu!

Mehdi déniche également un club de basket où il pourra entraîner 3 fois par semaines et être payé; quoi de plus parfait?

Nous visitons plusieurs hôpitaux avec notre petite liste de demandes spécifiques et trouvons l’hôpital international Vinmec, qui se propose de nous fournir une secrétaire pour traduire pendant l’accouchement si besoin. Nous sommes un peu rassurés, car les témoignages d’accouchement que nous avions lu au Vietnam ne nous mettaient pas très à l’aise (accouchement à la chaîne, docteur au téléphone pendant qu’il accouche une femme, douleur pas acceptée donc pas le droit pour la femme de crier, père ne peut pas être présent pendant l’accouchement…).

Apparemment, nous pourrons donc nous poser ici et accueillir ce bébé à peu près comme nous le souhaitons. Nous repartons donc sur Hué le cœur plus léger, prêts à accueillir les parents d’Alice. À nouveau, qu’il est étrange de retrouver des personnes proches et connues ici en Asie, comme par magie! Nous profitons de passer du temps avec eux et de visiter les environs, notamment le tombeau de Minh Mang, 2ème empereur de la dynastie des Nguyen. Pour y aller, nous prenons un petit bateau et mangeons à bord un repas traditionnel cuisiné par la propriétaire du bateau.

Visite également de l’ancienne cité impériale, impressionnante par ses nombreux bâtiments et temples. Bien que beaucoup de bâtiments n’existent plus, on peut encore facilement s’imaginer la vie des empereurs et de tout leur harem, pendant les 250 dernières années.

Nous assistons aussi à l’ouverture du 10ème festival artistique de Hué, qui nous plonge dans l’ambiance vietnamienne: une musique à percer les tympans (mais qui ne dérange apparemment que nous!) et une centaine de Vietnamiens sur la scène habillés de mille costumes différents et effectuant divers danses et figures; nous ne savons plus bien où regarder et sommes un peu abasourdis tant le spectacle est dense.

Nous allons également voir d’autres concerts, dont Achinoam Nini, que Alice connaissait d’Israel, et Berywam, les champions français de beatbox. Cela fait drôle de voir ces artistes sur les scènes vietnamiennes, avec l’organisation et la chaleur propre à l’Asie du Sud Est!

Nous prenons à nouveau le train pour Danang, pour montrer notre future ville aux parents d’Alice, et pour visiter les alentours, dont la fameuse petite ville de Hoi An, un nid de touristes qui peut-être jadis fut pittoresque et accueillant mais qui ne nous a pas ému aujourd’hui.

Depuis la mer qui se trouve à 500 m de notre maison, nous apercevons un grand Bouddha qui surplombe la baie. Cela nous intrigue et nous allons donc le visiter également. C’est la dame de la compassion qui veille sur cette pagode. Elle mesure 67 m et se trouve entourée de temples et beaux jardins de bonsaïs. Nous apprécions ce lieu calme et soigné.

Après avoir vadrouillé à droite à gauche, vu et mangé le Vietnam du centre, il est déjà l’heure pour les parents d’Alice de reprendre l’avion, et pour nous de transférer toutes nos affaires de Hué à Danang pour nous installer. Un sentiment très étrange nous envahit; nous ne nous sentons pas à notre place et nous ne savons pas bien pourquoi nous sommes là et ce que nous faisons. De voir partir les parents d’Alice nous fait réaliser que nos familles, nos amis, nous manquent et que nous allons être un peu seuls pour accueillir ce bébé. Nous avons fait des rencontres ici, mais le niveau d’anglais de la plupart des Vietnamiens est très limité et nous avons peu de choses à partager. Nous ne sommes pas non plus très intéressés à rencontrer la communauté d’expatriés car à quoi bon s’installer dans un pays si ce n’est pour partager des choses qu’avec les gens de notre culture?

En quelques heures, après avoir parlé avec nos amis les plus proches, nous réalisons que bien que nous ayons tout trouvé pour nous installer correctement, notre place n’est pas ici. Puis très vite tout s’enchaîne et nous décidons de rentrer en Suisse, pour être proche de la famille et des amis, proche de la France et dans une culture que nous connaissons et aimons. Cela change donc tous nos plans mais nous nous sentons soudain légers, confiants et heureux!

Petit bonus:

Puisque nous n’avons plus de vidéos à partager sur ce blog, en voilà une géniale où nous avons la chance de faire partie des protagonistes! Le clip « Demain » du talentueux chanteur Régis Calif! En plus d’être notre ami, il compose une musique poétique, drôle et mémorable!

 

2 Comments on "Vietnam, rester ou ne pas rester?"

  1. salut les amis
    Voilà, je viens de vous lire et d apprendre que vous allez rentrer… Quelle belle aventure que vous venez de vivre. GRAVEE dans vos mémoires à tout JAMAIS. GENIAL….
    J espère que lorsque vous serez là, posés avec du temps, on se verra une fois…
    Merci beaucoup de m’avoir fait voyager / voyager…
    MERCI et BON RETOUR ET UN IMMENSE BONHEUR AVEC LA VENUE DU BEBE.
    Bis. Marie- José

  2. Ahhhhhhhhhhh I have been thinking about you guys and meaning to write. And ahhhhhhh your having a baby🤗🤗🤗 soo exciting I’m so happy for you guys.. I have loved reading your posts sounds amazing… when are you going back to Switzerland?

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