Iran ou, une infinité de rencontres

Arrivée en Iran

Le 30 Novembre, nous prenons donc la route pour l’Iran, dans un mini bus avec Ajda et Raphaël, deux amis Allemands rencontrés à Van en Turquie. Le chauffeur n’est pas content de devoir se trimballer nos vélos dans le bus. Environ 2h plus tard, nous arrivons à la frontière. Sur une montagne à côté, nous apercevons le drapeau turc, sur la montagne d’après, nous voyons se dessiner le drapeau iranien. La frontière est un endroit gris, où la terre a fait place à la boue; et le métal, des barrières aux fils barbelés, règne en maître. Les gens semblent un peu fous ici, ils crient de tous les côtés. Des enfants couverts de boue courent ici et là, nous ne savons pas bien dans quel pays ils sont, des gens enfilent pull sur pull, sûrement pour les faire passer de l’autre côté…

Nous sommes amenés dans un couloir où un officier nous prend nos passeports. Bientôt, il appelle Mehdi. « Ton nom est iranien, tu es Iranien ? ». Mehdi répond que son père est Tunisien et sa mère Suisse ; nous nous y attendions, tout le monde le prend pour un Iranien quand il dit son nom. Nous découvrirons plus tard qu’environ 1/3 des hommes Iraniens s’appellent Mehdi… Ceci explique cela. L’officier lui parle en persan pour vérifier qu’il ne comprend pas, puis tamponne son passeport. Ensuite c’est au tour d’Ajda. L’officier l’interroge longuement, lui parle en persan, ne la croie pas quand elle lui dit qu’elle est Allemande, mais finit par tous nous laisser passer. Deux heures plus tard donc, nous reprenons le même bus avec un chauffeur différent, qui nous a patiemment attendu depuis le début, et roulons gaiment vers Tabriz.

Nous pensions que les aventures étaient terminées pour la journée, mais arrivés aux alentours de Tabriz, le chauffeur nous explique que le terminus est ici, à côté d’une grande voie rapide. Nous ne savons pas quoi faire. Aussitôt, une dizaine d’Iraniens surgissent pour nous aider, ils nous appellent 2 taxis, leur transmettent l’adresse de notre hôte, et c’est reparti ! Mais ce n’est pas fini. Après avoir cherché dans tout Tabriz l’adresse, notre chauffeur tombe en panne d’essence. Mehdi, notre hôte, finit donc par nous trouver, en bord de route, et nous ramène chez lui ! Nous apprendrons plus tard que les quelques watsapp que nous avons du envoyer pour le contacter nous aurons coûté 50€… merci free ! Nous décidons de résilier l’abonnement !

 

Les premiers jours en Iran

Après cette immersion en Iran, nous vivons 3 jours intenses dans la famille de Mehdi qui nous accueille les bras ouverts. Il nous fait goûter à nos premiers mets iraniens : ash, sorte de soupe avec des pâtes, petit déjeuner avec de la crème et du miel, dégusté avec un pain cuit sur des pierres…

 

 

 

 

Nous visitons le village de Kandovan, bâti dans ses pierres spéciales en forme de menhirs…

 

Nous traînons dans le bazar de Tabriz, le plus grand d’Iran et surtout, nous arrêtons dans les coins de rue et attendons. Au bout de 10 secondes nous pouvons être sûrs d’être abordés par des Iraniens curieux de tout savoir sur nous et prêts à nous inviter sur le champ chez eux ! Nous avons l’honneur d’être invités chez la tante de Mehdi qui nous prépare des fèves, apéritif traditionnel d’Iran, et rencontrons toute la famille… impressionnant ! Nous finissons ensuite par manger une glace à l’extérieur, à 3h du matin! Décidément les Iraniens ne sont jamais fatigués, et toujours surprenants !

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Une expérience de volontariat reposante

Nous prenons ensuite le bus direction Ispahan, pour aller faire du volontariat dans une guest house. Nous arrivons à Varzaneh, village aux portes du désert, après une nuit dans le bus. Nous faisons la rencontre de Mohammad, le propriétaire de la guest house, ainsi que d’autres voyageurs de diverses nationalités. Nous passons quelques jours à nous reposer et à nous approprier le travail qui est demandé : faire de la pub sur internet, et surtout sur facebook… autant vous dire que ce n’est pas notre tasse de thé, puisque ce genre de sites sont pour nous une grande perte de temps … mais nous faisons ce que nous pouvons, et le travail semble porter ses fruits puisque Mohammad reçoit des réservations. Lorsque nous sommes un peu reposés, nous prenons nos vélos (à vide !) pour aller visiter le désert, la citadelle, les alentours… nous aimons être dans la nature après ces semaines de ville, et sommes tout heureux de pouvoir marcher dans le désert. Même s’il est petit, il est déjà impressionnant pour nous qui n’en avons jamais vu !

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Un lieu mythique et mystique de la Perse antique

Au bout de 8 jours, nous commençons à nous ennuyer et sommes contents de reprendre la route, en bus, pour faire une visite express de Chiraz, ville mythique de la Perse. Après un autre bus de nuit donc, nous arrivons au petit matin à Chiraz. Nous nous faisons héler par tous les chauffeurs de taxi qui veulent nous emmener au centre mais nous restons de marbre et nous mettons à la recherche d’un bus. Les chauffeurs baissent et baissent leur prix jusqu’à vouloir nous emmener gratuitement. Mehdi leur explique que le problème n’est pas le prix mais plutôt qu’ils n’écoutent pas nos besoins puisque depuis le début nous leur disons que nous cherchons un bus. Ils finissent par comprendre et nous indiquent le terminal.

Nous n’avions pas réservé d’hôtel et peinons un peu à en trouver un pas cher. Une fois que nous sommes installés, nous sentons la fatigue du bus nous rattraper et nous sombrons dans une longue sieste. Cela rétrécit encore notre temps à Chiraz du coup nous nous hâtons d’aller visiter durant l’après-midi (eh oui le voyage est fatiguant aussi !). Nous sommes surpris de constater que la majorité des mosquées sont payantes, environ 4€ l’entrée, ce qui est énorme pour les Perses, et un sacré budget pour nous aussi. Nous passons donc le plus clair de notre temps dans le bazar et dans les ruelles, puis tombons par hasard sur la tombe sacrée du Shah Cheragh. Il faut attendre un guide pour les touristes et au bout d’un quart d’heure d’attente nous hésitons à passer notre chemin. Heureusement la vie est bien faite et au même moment une gentille dame arrive et s’excuse de nous avoir fait attendre. Elle enfile un chador sur la tête d’Alice et nous entraîne à l’intérieur. Le soleil vient de se coucher et le crépuscule donne une teinte toute particulière à cet immense mausolée. Les trompettes sonnent car nous sommes jeudi soir, elles honorent Shah Cheragh. Notre guide nous explique 1001 détails et nous transmet tant d’enthousiasme que nous sommes subjugués par la visite et la beauté du lieu. Nous repartons après une heure, le cœur empli de bienveillance et de reconnaissance.

Le lendemain, nous allons en taxi à Persepolis qui se trouve à 1h de Chiraz. Oui c’est un lieu touristique, mais ça en vaut le détour. Ces vieilles pierres témoignent d’une civilisation et d’un temps révolus mais grandioses. Nous faisons la rencontre d’une gentille famille qui nous invite à boire le thé le soir. Nous sommes couverts de cadeaux et passons une très belle soirée, à parler de nos vies, de la situation du pays, de l’humain …

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Une autre expérience de volontariat, ou, un aperçu de l’Iran en discussion

Nous nous sentons revigorés lorsque nous prenons le bus le lendemain matin pour Najafabad, où une autre expérience de volontariat nous attend.Nous arrivons le soir dans cette « petite » ville (plus de 300 mille habitants tout de même) de la banlieue d’Ispahan, après maintes connexions de bus. Nous rencontrons Hajar, qui tient un café des langues ici. Elle l’a créé il y a une année, et permet à des locaux de venir parler avec des étrangers, dans leur langue native, ou tout simplement en anglais. C’est l’occasion aussi pour les volontaires de comprendre un peu mieux la culture iranienne et les habitants, et pour les locaux d’avoir un coup d’œil sur l’extérieur, car la politique du pays ne le permet pas toujours. Nous faisons énormément de belles rencontres là-bas, et sommes surpris notamment de retrouver 5 autres voyageurs comme nous, dont une cycliste ! Hajar nous explique beaucoup de choses sur son pays et sur sa manière de fonctionner, et nous comprenons un peu mieux combien et pourquoi la situation politique est pesante pour les habitants.

Faire du vélo par exemple est interdit pour les femmes. Grâce à quelques courageuses qui ont tout de même franchi le pas, cet acte est aujourd’hui toléré ; mais un policier a le droit d’arrêter une femme et l’amender pour cela. Fumer et conduire une moto est « naturellement » également interdit pour les femmes. Pourtant, Hajar ne souhaite pas une révolution pour son pays. Elle pense que si une révolution se fait trop brutalement, cela se fera dans le sang et la nouvelle personne au pouvoir commettra, comme toutes les autres avant, beaucoup d’erreurs au début et condamnera beaucoup d’innocents. Hajar croit plutôt en une « révolution douce », petit à petit franchir les interdits et les rendre tolérés. En effet, si tout le monde le fait, il devient difficile de maintenir l’interdit. Si on y réfléchit, en France, légalement les femmes n’ont pas le droit de porter de pantalon… mais qui aujourd’hui qui se soucie de cette loi ? De même, en Iran, les paraboles pour la télé sont interdites ; mais aujourd’hui tout le monde en a ; quel pouvoir peut condamner une chose que tout le monde fait ? Nous aimons donc bien la vision d’Hajar et la manière dont elle met en place cette révolution douce. Puisse le peuple Persan trouver la force et la voie pour vivre libre.

Salut les copines!

Après 5 jours dans le café, une bonne sinusite pour Alice et beaucoup de papotage pour Mehdi, il est temps de rejoindre Léa et Camille qui sont en Iran pour Noël ! C’est à Ispahan que nous nous donnons rendez-vous et nous les retrouvons sur le square de l’Immam, après 4 mois ! Quelle joie de retrouver des amies en terre inconnue ! Elles sont accompagné par Ali, un ami de Téhéran, qui sera notre guide pendant tout leur périple.

Nous traînons dans le bazar et surtout nous nous retrouvons. Le lendemain soir, nous filons à Yazd, ville dans le désert, pour y passer Noël. Nous visitons un peu et préparons un bon repas pour le réveillon. Au menu, pas de vin, mais des bonnes crêpes avec de la bonne béchamel. Et pour le dessert, une glace traditionnelle à la cardamome, les fameux biscuits de Yazd et une crêpe fourrée au tahin (pâte de sésame) et à la pâte de dattes (nos 2 ingrédients favoris du petit déjeuner iranien !).

Le lendemain, nous partons dans l’après-midi à la recherche d’un ancien caravansérail dans le désert, sur la route de la soie. Nous peinons beaucoup à le trouver mais les paysages sont magnifiques. Finalement, dans la nuit, nous le découvrons. Nous nous sentons comme transportés dans un autre temps et sommes tout émus de pouvoir visiter ce lieu historique dans cette ambiance douce et tamisée.

Nous arrivons ensuite à Varzaneh, retour à la case départ, pour visiter le désert et récupérer nos vélos que nous avions préalablement empaquetés. Alice et Léa remontent en voiture vers Téhéran avec Ali, tandis que Mehdi et Camille (qui avait soif d’un peu d’aventures en Iran) prennent le bus de nuit. Nous les retrouvons le lendemain matin et allons visiter cette immense capitale. Nous nous baladons dans l’ancien palais du Shah et le lendemain, cherchons des cadeaux dans le bazar de Téhéran.

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La fin…

Nous sommes déjà le 28 Décembre, notre visa expire le lendemain, il est temps de prendre un taxi pour l’aéroport et de dire au revoir à nos amis.

Une fois là-bas, nous sommes étonnés car tout roule comme sur des roulettes, et nous sommes bientôt dans l’avion, direction de nouvelles aventures, en Malaisie !

3 Comments on "Iran ou, une infinité de rencontres"

  1. quel plaisir de lire vos rencontres extraordinaires !
    Votre récit me fait évader de Villars-sous-Yens !
    Amitiés

  2. Bon début malais en l’An 18 !
    N’oubliez pas de ne donner qu’un coup de pédale sur deux, ça repose un peu et on ressent mieux la beauté des lieux traversés.
    Merci pour votre sympathique carte de Tabriz. Quel beau pays que l’Iran.
    Bises Y & Mo

  3. Hi there!
    It’s such an honor for us that you have visited our village 🙂
    Hope it was a nice travel to you and your friends.

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