En raison du froid qui nous rattrape même au Sud de l’Europe, et en raison surtout d’un besoin de faire des rencontres plus longues que quelques heures, nous avons eu l’idée de nous poser dans une ferme pendant deux semaines en Turquie, et y apporter notre aide en échange du toit et de la nourriture. Nous sommes passés par le site helpx, mais il y a bien entendu beaucoup d’autres sites de ce genre (wwoofing, workaway, et d’autres sites internes à chaque pays utilisant le concept de « work and travel »).
Nous avions été un peu déçu du peu de réponse à nos mails envoyées aux fermes bio du Sud-Ouest de la Turquie. Nous étions donc tout contents d’avoir reçu une réponse d’Ebru, dans son Eco-Art Farm. Apparemment, nous pourrions faire du yoga avec eux, peut-être même de l’art, et les photos montraient la récolte des amandes, des graines de chia, des olives… bref, tout ce qu’on pouvait rêver d’apprendre à faire!
Nous sommes arrivés à Cukurbag, dans cette ferme, par une fin d’après-midi bien fraîche, mais nous étions bien réchauffés par une looonnngue montée qui nous avait offert une vue sur Kas magnifique.
En arrivant à la ferme donc, nous rencontrons deux « helpers » (des volontaires, comme nous) en plein déchargement de gros sacs de sable pour faire du béton. Ebru, la femme du fermier, semble surprise de nous accueillir mais après 20mn elle propose de nous montrer notre chambre. Nous arrivons dans une pièce humide et sale, avec un lit sur lequel des traces de limaces nous laissent perplexes. Nous nettoyons tout et nous installons bien, malgré la mauvaise odeur que nous tentons de masquer en mettant de l’huile essentielle partout. Un détail tout de même, il n’y a pas de chauffage et il fait très froid. Le soir, nous rencontrons Aydin, le fermier, qui nous explique que la vie est très dure pour eux en ce moment et qu’il y a beaucoup de choses à faire. Nous sommes contents de pouvoir les aider comme nous pourrons. Le lendemain, à 7h30, nous prenons le petit déjeuner; nous avons mal dormi car la chambre est humide et froide et nous sentons que nous ne sommes pas en grande forme mais sommes motivés par cette nouvelle expérience. Les repas se prennent avec les deux autres helpers, Anthony, un Américain, et Özgür, un Turc. Le mélange de culture est assez drôle.
Pendant environ 6h, nous allons creuser un trou dans la garrigue pour faire passer un tuyau jusqu’au champ d’amandiers qui se trouve perdu dans la montagne. Nous nous donnons beaucoup et sommes contents, à la fin de la journée, du travail effectué puisque nous avons atteint le champ, ce qui aurait du être le jour d’après. Nous faisons la rencontre ce jour là de deux ouvriers Turcs qui ne parlent pas un mot d’anglais. Nous apprécions et admirons leur simplicité de faire dans le travail, la manière relaxée et en même temps efficace d’appréhender leur tâche.
Nous rentrons à pied mais nous faisons heureusement prendre en stop par un tracteur car la maison est à 1h30 de marche.
Le lendemain, après une autre nuit très froide, nous nous sentons vraiment fatigués. En allant chercher le petit déjeuner, Aydin nous demande de nettoyer les miettes de notre plateau car ce n’est pas correcte de rendre un plateau dans cet état. Etant donné l’état de la chambre que nous avons reçu et le froid qui y règne, étant donné aussi que nous travaillons plus que les 5h prévus et que lorsque nous avions rappelé l’heure le jour d’avant, Aydin avait semblé mal le prendre… nous commençons à devenir un peu moins serviables. Mehdi explique que nous avons froid et besoin d’un chauffage. Aydin nous explique qu’il y a un seul poêle pour tous les volontaires, il ne peut pas fournir un chauffage dans chaque chambre. Nous trouvons que si. Ce jour là, bien qu’il nous ait dit le jour d’avant que nous irions sûrement ramasser les olives, il décide finalement de défaire son toit pour construire une extension à la maison. C’est à nouveau un travail très fatiguant car il faut 2 personnes sur le toit qui défont les tuiles, une qui les réceptionne, et une qui les charge dans la brouette et va les ranger plus loin. C’est Alice qui fait cela, c’est comme faire des squats, mais avec une charge. Et il y a beaucoup de tuiles sur un toit, donc beaucoup de squats. Les courbatures qui s’ensuivront de cette journée resteront donc douloureuses pendant une semaine. Après le travail, nous trouvons une solution pour le chauffage avec un petit poêle que nous fournit Aydin. Nous allons chercher du bois (puisqu’il ne nous le fournit pas) et lui demandons sa tronçonneuse pour le couper. Cela n’est pas possible non plus, mais nous pouvons utiliser une petite scie ou une serpette. C’en est trop pour Mehdi qui commence à s’énerver. Finalement, nous avons quand même chaud dans notre chambre et sommes contents. L’ennui, c’est que c’est un peu tard et nous commençons à tomber malade. En trois mois de voyage en itinérance nous n’avons pas utilisé nos médicaments, eh bien dans cette ferme nous avons vidé des tubes de granules et utilisé tous nos baumes pour les muscles! Après encore une journée de travail rude à monter des briques, nous prenons un jour de congé.
Cela nous permet de nous reposer, et de penser un peu à ce que nous voulons faire. En effet, nous avions prévu de rester deux semaines mais pensions pouvoir nous ressourcer physiquement, ce qui ne sera pas le cas, et avoir du temps pour nous, pour lire, écrire, ne rien faire… ce qui ne sera pas non plus possible… Nous décidons donc de partir à la fin de la semaine. Les deux derniers jours de travail sont moins intenses mais l’ambiance se dégrade et cela est dommage. Nous trouvons pourtant intéressant de comprendre le fonctionnement des gens, les stratégies de communication, les schémas de fonctionnement… Nous partirons donc de cette ferme avec un relativement bon souvenir, car nous avons fait de belles rencontres; tout particulièrement Mehmet (à droite sur la photo, à gauche Anthony), qui nous aura appris des mots turcs avec son accent des montagnes, et en qui nous avons une grande admiration pour le calme et l’expertise de travail dont il fait preuve, tout naturellement.
Mais où aller alors? Nous passons à tout hasard un coup de téléphone à un hôtel qui est sur helpx, vers Antalya. « Hello, do you need helper now? », « Yes, we need helpers! », « Ok perfect, we will be here tomorrow! », et le tour est joué! Nous voilà donc partis pour Antalya, en bus cette fois, car c’est à 250 km. Nous arrivons le soir et faisons la rencontre de Ibrahim et Selma, un couple très amoureux qui a 3 beaux enfants et qui tient un hôtel dans une ville touristique.
Nous changeons donc totalement de monde, et surtout de rythme. Nous travaillons seulement 4h par jour, et les tâches sont plutôt repassage, peinture, nettoyage, aller chercher les enfants à l’école, leur donner un cours d’anglais, faire une promenade avec eux… bref, nous nous immergeons dans leur réalité. C’est toujours impressionnant pour nous de plonger dans le monde et la vision des gens, chaque rencontre nous donne une nouvelle définition de la réalité du monde, de la Turquie, de la vie; c’est très enrichissant! Nous passons donc une semaine beaucoup plus tranquille où nous pouvons nous reposer de notre précédente expérience et passer du bon temps. Nous rencontrons un autre voyageur, Robert, qui est venu de la Pologne en stop.
Nous réalisons comme nous n’avons plus l’habitude de rester au même endroit pendant longtemps, il nous arrive même de nous ennuyer un peu. C’est pour cela que nous sommes contents de reprendre le voyage, direction l’Est de la Turquie, Van!
Siz çok değerli insanlarsınız
Super interessant ! Bien écrit aussi. Partout au monde il y a des gents profiteurs et des gens sympa qui s interesse à vous en mème temps que demander votre aide.
Prenez soin de vous et que du bien pour la suite….et du chaud