Après avoir pris un dernier train en Thaïlande de Bangkok à Aranya Prathet, nous passons la frontière pour le Cambodge à vélo. Nous nous étions préparés à négocier nos visas puisque les arnaques courent les rues apparemment mais tout est en ordre. Les douaniers nous crient gentiment dessus avec leur tact de douaniers, et après 3 passages à différents postes, nous voilà officiellement au Cambodge. Nous croisons des touristes Européens qui se rendent en Thaïlande, une chance car Alice se ballade depuis quelques jours avec une dizaine de cartes postales timbrées sans trouver de poste… les cartes ont donc passé la frontière, puis l’ont repassée dans le sac des touristes pour arriver à bon port dans les boîtes aux lettres de nos amis!
Premier choc au Cambodge: malgré qu’une gare soit indiquée sur la carte, il n’y a en fait pas de train… nous sommes un peu déstabilisés et cherchons un bus pour rejoindre Siem Reap, à 200 km d’ici, la route ne présentant aucun intérêt pour la pédaler. Les bus coûtent 9$, soit 5 fois plus cher que ce que nous avons payé pour le train le jour d’avant en Thaïlande. Qui a dit que le Cambodge était un pays très bon marché? Beaucoup de monde, mais après y avoir passé 3 semaines, pas nous! On nous explique clairement que ce prix est exclusivement pour les touristes. On espère bien, car il correspond à une bonne journée de salaire d’un Cambodgien.
Nous arrivons donc à Siem Reap, lieu culte de visite pour ses fameux temples: Angkor Wat. Quelques jours plus tôt, nous en entendions parler pour la première fois et décidions de nous y rendre, Siem Reap étant sur notre chemin. En apprenant que la gestion des temples a été vendue par le roi du Cambodge à une compagnie privée Vietnamienne pour les 100 prochaines années, et que le prix est de 37$, cela nous refroidit considérablement sur la visite touristique. Nous décidons d’aller nous balader en vélo aux alentours des temples (car c’est bien un immense ensemble de temples et tombeaux). Nous empruntons les petites routes et découvrons les jolis petits villages traditionnels cambodgiens. Puis sans crier gare, nous débouchons sur un immense parking et devant nous se dresse le plus fameux et le plus grand des temples. Nous nous asseyons au bord de l’eau et profitons de la vue. Il faut savoir que tous les temples sont entourés d’eau, savant calcul permettant aux temples de ne pas s’effondrer dans le sol sableux de la jungle car l’eau, en pénétrant le sable, le rend aussi résistant que du béton. Quelle merveille, et que de questions jaillissent quand on pense que ces temples ont été construits dans la jungle, tout en pierres et il y a bientôt 1000 ans! Nous reprenons nos vélos et nous baladons, nous voyons quelques ruines et nous arrêtons pour aller regarder quand quelqu’un nous demande « Ticket please! ». Nous lui expliquons que nous nous baladons seulement et n’allons pas là où il y a besoin de ticket. Il panique un peu et nous dit que nous ne devrions pas être là, que c’est amendable et que c’est cher! Ah bon, même les routes sont privées maintenant au Cambodge. Nous repartons donc sans lui laisser le temps d’appeler la sécurité et décidons d’emprunter les petits sentiers. Nous sommes passés du statut de flâneur rêveur à celui de fugitif illégal, la balade est donc un peu plus adrénalisante!
Après trois jours tranquilles dans cette ville touristique à visiter à droite à gauche quelques petites attractions, dont cet ingénieur qui a reproduit en miniature les principaux temples d’Angkor, nous prenons un bus pour Phnom Penh; il est temps d’aller faire nos visas pour le Vietnam et d’attendre notre amie Catherine qui va bientôt nous rejoindre.
La chaleur est difficilement supportable, et cela se fait encore plus ressentir dans les villes, avec la pollution et le peu d’ombre. Nous accueillons donc avec joie les hôtels qui nous proposent des piscines et jouons aux riches touristes. Nous nous baladons dans la ville et tombons sur des scènes qui ne nous laissent pas indifférents… apparemment, la protection des tortues n’est pas une réalité ici.
Enfin Catherine arrive et cela nous fait tout drôle de retrouver une amie de notre vie d’avant voyage, ici, en voyage!! Que c’est agréable de pouvoir communiquer et parler de ce que nous vivons chaque jour avec quelqu’un d’autre. Nous réalisons que depuis notre arrivée en Asie du Sud-Est, nous avons fait peu de rencontres où un réel partage d’expériences a pu se faire, soit que les gens parlaient peu anglais, soit qu’il n’y avait pas l’intérêt, soit que nos cultures et nos personnalités divergeaient trop. Cela n’est pas grave et nous avons la chance d’être deux pour partager, mais parfois en voyage, on a l’impression de voir, observer, écouter, prendre prendre prendre, et ne jamais pouvoir donner en retour ce avec quoi nous sommes faits. Quelle chance nous avons donc eu de pouvoir partager 3 semaines de voyage avec une amie et voir le pays à travers ses yeux, et échanger nos points de vue sur ce que nous vivions.
Catherine étant bien plus dynamique que nous, il a donc fallu s’adapter. Nous avons loué un vélo pour elle et sommes partis à la découverte de l’île de la Soie, où nous avons pu voir les chrysalides des vers à soie, puis le filage, puis le tissage sur des anciens métiers en bois. Nous avons été étourdis en prenant conscience du temps de travail que cela demandait ainsi que de la concentration pour produire une seule écharpe.
Nous avons visité l’école PSE (Pour un Sourire d’Enfant) dont nous connaissions l’existence grâce au documentaire « Les Pépites » que nous avions vu en Suisse il y a plus d’une année. Partis du constat que des enfants passaient leur temps et se nourrissaient dans une décharge à l’Ouest de Phnom Penh, un couple de français a monté une association pour leur permettre d’évoluer. Nous avions particulièrement aimé la démarche qui partait toujours du besoin des enfants et non de la volonté de se donner bonne conscience de quelques Européens. Ainsi, les enfants ont d’abord demandé un repas par jour, puis des soins, puis une éducation. Petit à petit, l’association s’est développée et une école a ouvert, puis un centre de formation, et aujourd’hui ce sont plus de 2000 enfants dont les familles souffrent de la pauvreté qui sont scolarisés et formés grâce à PSE chaque année. La simplicité du lieu et la gestion locale nous ont touchés.
À défaut de visiter les fameux temples d’Angkor Wat, nous avons fait un crochet au Sud de Phnom Penh pour visiter un petit temple. L’esprit ancestral et grandiose est toujours bien présent, mais nous avons été étonnés de trouver dès notre arrivée un groupe de fillettes prêtes à nous suivre 500 m pour nous vendre leurs fleurs, utilisant toutes les stratégies pour nous émouvoir. Nous avions également vu des fillettes à Angkor Wat, et c’est bien le seul pays d’Asie du Sud Est où nous avons trouvé des enfants qui travaillaient de cette manière dans les rues. Malheureusement, s’ils y sont encore, c’est que trop de touristes continuent à les encourager en leur achetant leurs souvenirs, pensant leur permettre de gagner un peu d’argent mais ne les aidant en fait qu’à rester mendiant à vie.
Nous flânons à droite à gauche dans la ville, visitant temples, musées, nous laissant lire notre avenir dans les cartes le soir, le long du fleuve Tonle.
Fatigués de la ville et de sa pollution, nous allons ensuite passer 2 jours dans le Parc Kiriom. Par hasard, nous arrivons dans un centre d’éco-tourisme. Le guide présent ce soir là nous explique leur histoire: pendant la guerre, les Khmers Rouges s’étaient réfugiés dans ce parc et avaient chassés la population qui s’était réfugiée dans la ville en contrebas. Une fois la guerre finie, la population était sans argent et beaucoup étaient morts de maladie et sous-nutrition. Ils revinrent dans le parc mais durent d’abord gérer le problème de toutes les mines que les Khmers Rouges avaient posées. Puis, n’ayant plus rien, ils commencèrent à couper en masse les arbres du parc pour les vendre. Une organisation voyant le massacre du parc arriver, proposa de former un groupe de villageois pour aller vers une transition écologique et pérenne. C’est ainsi qu’ils ont créé ce centre qui propose plusieurs activités et aides à la communauté. Après avoir dormi dans une des maisons du village, nous partons en quête de la fameuse cascade de 40 m! Nous la trouvons après une magnifique marche dans la forêt/jungle et dégustons la fraîcheur de l’eau! Petite frayeur pour Alice qui veut faire l’aventurière jusqu’en dessous de la cascade et finit par glisser sur une pierre dont la fine vase due à l’humidité constante a eu raison de ses réflexes.
De retour à Phnom Penh, nous prenons un bateau sur le Mekong, ce majestueux fleuve de plus de 4000 km, qui nous mènera jusqu’à Chau Doc, une ville à la frontière du Vietnam. Ce sera la première fois que nous passerons nos postes de frontière directement sur l’eau. Nous avions d’abord prévu de descendre le fleuve à vélo, mais en réalisant qu’il n’y avait pas d’hôtels sur la route, nos plans ont bien changé.
Ce qui nous a surpris, plu, questionné durant ce petit aperçu du Cambodge:
- Après avoir quitté la Thaïlande, nous avons été agréablement surpris de la facilité de parler et d’aborder les Cambodgiens (ceux qui parlent anglais bien sûr, car il semble que nous faisons peur à ceux qui n’en parlent pas un mot et qui préfèrent éviter notre regard plutôt que d’essayer de comprendre le langage non verbal). Cela nous a permis d’avoir quelques beaux échanges instructifs.
- Bien que personne ne nous ait parlé directement de la catastrophe de toute la période Khmer Rouge, nous avons ressenti que l’ensemble du pays semblait encore être touché, économiquement, socialement et psychologiquement par cela. La pauvreté nous est apparue bien plus crue qu’en Malaisie et en Thaïlande, les enfants dans les rues en train de mendier bien plus nombreux et l’alcool plus ravageur auprès des hommes comme des femmes.
- Le pays nous est apparu comme à double vitesse: d’un côté les belles voitures et magasins de luxe qui commencent à voir le jour, les hôtels, les restaurants, les buildings… et d’un autre côté beaucoup de maisons de tôles, de gens qui dorment dehors et qui ne possèdent rien. Cela nous a questionnés car, en même temps, ces pays là ont-ils un autre choix, s’ils veulent se développer dans ce monde capitaliste, que de créer une société à deux vitesses?
- Le tourisme est en tout cas en plein essor et le pays n’hésite pas à en profiter, ainsi que les commerçants, qui demandent sans honte un prix 3 à 4 fois plus élevé pour leur service et n’hésitent pas à ne pas vendre leur marchandise plutôt que de la laisser partir au bon prix.
hellol es amis .
Encore et encore les yeux plein d’étoiles…Quelle belles photos et je ne peux imaginer le reste..Que de belles rencontres partout où vous passez. Il y a aussi cette misère, cette grande misère dans le monde que l’on ne peut pas ignorer… Mais lorsque l’on lit vos récits, on ne peut être qu’un peu plus conscient. Que faire de chez nous, dans ce luxe où nous vivons….
Voilà, si à mon échelle je peux faire quelque chose, petit que se soit, alors il faut le faire….
Super bonne continuation pour vous .
.Bis..Marie- José.
Alice tu te portes comme un charme.::::Pas trop compliqué pour toi? Ce future papa a tes côtés pas de soucis….