L’accueil turque à chaque étape

Après une courte nuit dans le ferry ponctuée par les annonces des stops sur les différentes îles, nous débarquons vers 5h du matin à Kos, île Grecque tout prêt de la Turquie. Nous apprendrons plus tard que toutes ces îles, proches de la Turquie et appartenant à la Grèce, étaient précédemment Turques et ont été remis à la Grèce lors des accords de Lausanne, en 1934. Lorsque nous disons aux gens que nous venons de Lausanne, c’est donc souvent leur première référence, mais ils ne sont pas rancuniers et nous prennent tels que nous sommes! Alice est bien fatiguée et dort sur un banc en attendant notre prochain ferry qui nous mènera sur les terres turques donc, pendant que Mehdi va se dégourdir les jambes.

À 10h, nous faisons notre entrée sur un nouveau pays! Cela est toujours étrange: une nouvelle langue, des nouveaux codes sociaux, une nouvelle culture, une nouvelle monnaie… nous avons besoin de trouver de nouveaux repères et sommes bien déboussolés! Additionné à une très courte nuit, nous ne sommes pas très disponibles pour la Turquie! Nous pédalons donc 5km pour nous poser sur une petite plage et nous reposer. Là, nous faisons la rencontre de Mahmoud, le tout premier turc à nous initier à la légendaire hospitalité turque! Mahmoud vit sur cette plage avec sa chienne, ses six chiots, son chat, et les poissons de la mer. Il n’a pas d’argent mais se débrouille et s’occupe bien tout seul. Dès que nous arrivons, il nous fait comprendre avec ses quelques mots d’anglais que nous sommes les bienvenus et nous montre le meilleur emplacement. Il nous invite pour le thé, et nous réinvitera plusieurs fois jusqu’au moment où nous partirons. Nous sommes reconnaissants de cette rencontre et repartons le lendemain un peu plus d’attaque.

Nous pédalons bien et découvrons ce pays à notre rythme: les cafés peuplés d’hommes qui jouent à un jeu qui ressemble au scrabble mais avec des chiffres, les thés brûlants servis dans ces beaux verres incurvés, les femmes qui ramassent les olives habillées traditionnellement avec  des pantalons larges, un gilet et un foulard sur la tête, les voitures datant des années 70 mais si bien conservées qu’on les dirait neuves… Parfois, nous avons l’impression de pédaler dans une autre époque. Et tout à coup, un petit détail nous rappelle à la modernité et nous revoilà au XXIème siècle!

Entre un violent orage qui fait monter les eaux de la mer et nous force à déménager en pleine nuit, une route faite de cailloux et à peine pédalable sur 9km (2h pour les faire!), une chambre à air crevée (2ème crevaison en 3 mois de voyage!) nous sommes chaque jour aux aguets de la nouvelle aventure que nous réserve la Turquie!

Nous faisons une autre belle rencontre dans la région de Oren. En partant, un chien, assis là tranquillement, se lève et nous suit. Nous avons d’abord un peu peur car nous avons entendu beaucoup d’histoires sur les effrayants chiens de la Turquie, avec leur collier fait de clous. Mais nous réalisons vite que ce chien a l’air très gentil et semble content de nous suivre. Nous nous arrêtons à la poste, il attend sagement à l’extérieur, nous repartons, il nous suit. Dans les montées, il gambade gaiement à nos côtés pendant que nous soufflons, et dans les descentes, il nous suit à distance, la langue pendante. Lorsqu’un de nous deux est en retard, il attend avec inquiétude et regarde sans arrêt derrière lui. Nous nous attachons très vite à ce chien si gentil et ralentissons même pendant les descentes pour qu’il puisse nous suivre. Au bout de 17km, pendant une grande descente qui l’a sûrement épuisée, il décide de faire demi tour comme il avait décidé de nous suivre, mais nous sommes contents d’avoir pu partager ces km avec lui!

Nous continuons la route vers le Sud et faisons une autre rencontre improbable. Ce jour là nous étions arrivés à Göcek, une ville touristique de luxe. Des yachts se succédaient à côté des grands hôtel. Nous nous demandions bien où nous pourrions planter la tente et surtout comment nous doucher. Un homme survenu de nul part nous demande ce que nous cherchons. Mehdi lui dit franchement nos besoins. Il nous conseille de planter la tente sur la plage, devant les hôtels de luxe, et pour les douches, il est capitaine de yacht, nous pouvons aller à la capitainerie du port et dire que nous sommes avec lui.  C’est ainsi que nous rencontrons Feyzi grâce à qui nous avons bénéficié d’une douche de luxe.  Nous avons l’impression que partout où nous allons nous sommes accueillis à bras ouverts.

La route continue et nous arrivons à Fethiye, la première grande ville que nous traversons en Turquie. Il vente et à nouveau, nous nous demandons où nous pourrons poser notre tente dans cette grande ville. Un homme à vélo s’arrête et parle un moment avec nous, il nous dit qu’il nous envie et que c’est aussi son rêve de voyager à vélo. Il nous conseille de planter la tente ici même, sur la pelouse public. Nous faisons une petite sieste et lorsque nous décidons de partir, l’homme au vélo est à nouveau là et nous propose de faire un petit tour avec nous pour nous montrer où acheter une nouvelle chambre à air. Plus tard, il nous propose, si sa femme est d’accord, de venir dormir chez lui. Nous acceptons tout émus, c’est notre première invitation spontanée. Après un petit tour dans la ville et un thé, nous allons chez lui rencontrer sa femme, sa soeur, sa mère, et son fils de 3 ans. Ainsi sont faites les familles en Turquie, la vie est partagée avec les membres de la famille et ce n’est pas un problème. Parfois, avec nos yeux d’éducateurs, on se dit que nos pays du nord ont oublié la simplicité de la vie et que nous créons beaucoup de problèmes et de souffrances en plaçant nos aïeuls et nos « cas sociaux » dans des maisons spécialisées… Nous sommes en tout cas accueillis comme des rois dans cette famille turque et Alice est couverte de cadeaux: chaussons tricotés main, vrai voile pour se couvrir et entrer en Iran dans les normes… et cerise sur le gateau, nous avons droit à une lecture de l’avenir dans le marc du café turc que Senel, la soeur de Caner (l’homme au vélo) nous a préparé!

Le lendemain, la neige est tombée sur les montagnes, l’hiver est là, même en Turquie. Pour couronner cet accueil, Caner nous emmène en voiture 30 km plus loin pour nous éviter de dormir ce soir là dans les montagnes. Nous sommes revigorés par cette magnifique rencontre et pédalons gaiement en direction de Kas (se prononce Kash), où nous sommes attendus dans une ferme bio pour faire du helpx: 4-5h de travail en échange du toit et de la nourriture.

Entre des paysages du jamais vu et surtout entre des magnifiques rencontres d’humains et d’animaux, la Turquie a eu pour nous dans ces premières semaines le goût sucré et envoûtant des baklavas que nous dévorions dans les pâtisseries.

 

PS: Pas de vidéo pour cette partie, Alice a cassé la caméra! (Mais vous pouvez regarder notre album photo!)

1 Comment on "L’accueil turque à chaque étape"

  1. Quel bonheur pour le Coeur et les yeux de vous suivre dans vos aventures !
    Surtout continuez vos partages!
    Tout le meilleur à vous deux pour la suite…
    Bisous
    Catherine (cousine!)

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